Revue de presse

Article de la Charente Libre

Nous reproduisons ici l'article paru le 22 octobre 2007 dans la "Charente Libre", qui consacre une pleine page à notre action. A la suite, notre réponse, car cet article déforme beaucoup de nos propos (quand ils ne sont pas carrément inventés...).

Voir l'article original : partie 1 et partie 2

 

«Qui veut goûter de la viande humaine ?»

Rue Hergé, les passants ont été amusés, dégoûtés ou scandalisés par le sketch proposé par ce jeune militant en slip, transformé pendant une heure et demie en rosbif sous cellophane

Stéphane URBAJTEL
Et pour la petite dame, ce sera quoi , demande Wendy. «Vous me mettrez 70 kg de viande d'homme. Pas trop gras s'il vous plaît», répond Frédérique. Sur les marches de l'église Saint-Martial, samedi après-midi, deux adolescentes improvisent une saynète, devant un public imaginaire. Elles ont trouvé l'inspiration en découvrant, quelques minutes plus tôt, l'opération choc menée par l'association ACTA (Agir contre la torture des animaux).
Au beau milieu de la rue Hergé, juste en face du Mac Donald, Kostia Valuet, un jeune bordelais, s'est transformé pendant une heure et demie en rosbif sous cellophane. En slip, le militant s'est allongé dans une barquette géante. Enduit de faux sang et écrabouillé sous un film plastique, façon rayon boucherie des supermarchés. Pour faire encore plus vrai, les histrions d'ACTA avaient même pensé à coller une étiquette sur le colis avec le prix et le code-barres. «Qui veut goûter de la viande humaine , a clamé Virginie Beaujouan, l'une des interprètes du sketch gore. Une mise en scène volontairement provocatrice pour dire «que les animaux sont faits de chair et de sang, que tous ressentent la souffrance et la peur, selon les plaquettes distribuées aux passants. Et que manger de la viande n'est rien d'autre que de manger du cadavre». «On n'est pas là pour culpabiliser les gens. On veut juste les interpeller», développe Virginie Beaujouan.


«Combat de bobos»
La jeune femme n'est pas seulement végétarienne, elle est végétalienne. «La différence, c'est, qu'en plus, je ne mange pas les œufs, ni les produits laitiers». Dans cette association bordelaise qui revendique une centaine de membres et accueille «surtout des militants d'extrême gauche», admettent ses membres, certains poussent le militantisme à l'extrême: ils disent «non» au cuir et à la laine. «Il existe des alternatives à tout cela, assure Virginie Beaujouan. Mon écharpe par exemple, elle est en lin». Interloqués devant cette barquette de viande humaine, les Angoumoisins en promenade ont d'abord jeté des regards amusés ou dégoûtés. Et puis quelques-uns se sont approchés pour dialoguer, contester ou condamner. «Je me bats pour les droits de l'homme. Alors vous savez, les droits des animaux...», a lancé Philippe, la quarantaine, juste sorti d'un restaurant et fier d'en remettre une louche dans le registre de la provocation. «Je viens de me taper un bon steak tartare. Vous ne savez pas ce que vous manquez». Et de poursuivre sur un ton agacé: «Vous perdez votre temps. C'est un combat de petits bourgeois, de bobos». «Il faut vraiment vivre dans un pays riche pour se battre pour ça, a renchéri Hélène, une grand-mère, jetant un œil dédaigneux sur le jeune homme nu sous cellophane. C'est honteux de montrer ça aux enfants». «Je croyais que c'était la semaine du goût, pas celle du mauvais goût», a repris Marie-Claire, une mère de famille, perplexe devant ce «déballage d'hémoglobine». «Et toute la filière économique qui vit en produisant de la viande et du lait, vous y pensez , a demandé Charles, un autre flâneur, sidéré par le discours d'ACTA. «On ne peut pas tout accepter sous un prétexte économique, a répliqué Virginie Beaujouan. On pourrait faire la même réflexion sur l'industrie de l'armement». Parfois, la jeune militante a eu fort à faire. «J'ai tenté d'expliquer à des jeunes filles qu'elles étaient complices en acceptant de porter des manteaux de fourrure et ou des chaussures en cuir. Mais elles avaient le QI d'une moule». Devant tant de propos dégoulinants, le conseiller régional Verts, Yves Brion, de passage rue Hergé, a apporté un peu de nuances. «Il faut prendre cette action pour ce qu'elle est. Une opération sympathique. Il faut en sourire». Le vrai combat à ses yeux, «c'est de réfléchir aux conditions d'abattage des animaux».

Rectifications d'ACTA

Merci à La Charente Libre d'avoir rapporté l’action organisée par ACTA – agir contre la torture des animaux, et en tant qu'organisatrice de cet évènement, je souhaite apporter des précisions importantes qui ont été omises de l'article «Qui veut goûter de la viande humaine ? ».

Vous résumez tout d’abord cette action d’information sur l’exploitation animale à un « sketch gore », ce qui est oublier le stand d’information présent toute l’après-midi. Vous écrivez d’autre part que « les passants ont été amusés, dégoûtés ou scandalisés » par notre mise en scène statique (et pas sketch) et vous passez sous silence les personnes qui nous ont exprimé leur accord, qui ont signé les pétitions et qui ont laissé leur contact à ACTA.

D’autre part, vous reprenez en intertitre les propos d'un passant qui juge que les droits des animaux constituent un «combat de bobos». En l'insérant de cette manière, vous donnez du poids à un jugement qui ne repose sur aucun fait, c’est gratuitement dénigrant. Vous poursuivez en affirmant que nous sommes «surtout des militants d'extrême gauche», alors que j’ai précisé lors de notre entretien que les personnes impliquées dans la lutte contre le spécisme sont issues de tous les horizons politiques et de tous les milieux. Dans notre groupe, cette diversité est présente : il y a des profs, des chômeurs, des informaticiens, des étudiants, etc., de bords politiques différents. Ce qui nous rassemble, c’est notre révolte face aux 3 millions d’animaux tués chaque jours dans les abattoirs français, loin des yeux des consommateurs.

En reprenant les propos de certains passants ( «Je me bats pour les droits de l'homme. Alors vous savez, les droits des animaux...»,  (...) «Je croyais que c'était la semaine du goût, pas celle du mauvais goût») sans ajouter (sauf une fois) ce que nous leur avons répondu, vous donnez une vision partiale et partielle de cette action.
Par exemple aux personnes affirmant « les humains d'abord », nous leur demandons ce que eux-mêmes font pour les humains  : rien dans 99% des cas. Une fois nous tenions même un stand à côté d'une association d'handicapés, nous avons signé mutuellement nos pétitions, nous avons bien sympathisé et j'ai été effarée d'entendre une personne leur répondre « j'en ai rien à faire des handicapés ». Ce sont les mêmes qui nous disent de nous occuper des humains d'abord, c'est juste un repli facile.
Et rien n’empêche d’être végétarien par respect pour les animaux et de militer pour les droits des humains, comme l’a bien montré une manifestante végétarienne venue nous dire son soutien lorsque le cortège contre la loi Hortefeux est passé près de notre stand.

Quoiqu’il en soit, cette barquette de viande humaine a marqué les esprits et n’a pas laissé de place à l'indifférence. Et pourtant, personne ne s’offusque de voir sur les étals des boucheries des morceaux de cadavres sanguinolents. Si la mise en scène d’ACTA choque, c'est qu'elle rappelle de manière explicite que derrière la viande, il y a un animal, qui a été enfermé toute sa vie, puis transporté dans des conditions très dures, pour finir dans un abattoir.....
Nous étions face au Mac Donald, qui est un des symbole de ce syndrome du « steak caché » : « s’inscrivant dans une tendance à la scénarisation des aliments lancée par les géants nord-américains de l’industrie agroalimentaire, les fast-foods proposent une viande parodique et désincarnée. Cette stratégie est destinée à atteindre leur cœur de cible : les enfants, (futurs) consommateurs à fidéliser à tout prix. Mais, plus largement, ce travestissement traduit ­ et trahit ­ aussi un rapport occidental à la viande fort ambigu. » (« Le steak caché des fast-foods. Métamorphoses de la viande à l’ère de la mondialisation », Pascal Lardellier, Le Monde diplomatique).

NB : nous n'avons jamais organisé de "gavage d'hommes", l'action mentionnée dans l'encart était un stand d'information sur le gavage. Ce n'est malheureusement qu'un exemple des nombreuses inventions de l'article, mais il serait fastidieux de toutes les reprendre.

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